lundi 21 décembre 2009

Le Laos a deguster sans moderation

Bien que cela fasse plus de deux semaines maintenant que j'ai quitte le Laos, que j'ecris depuis New Delhi et que j'ai passe 10 jours en Thailande entre les deux, je ne peux pas clore ces 40 jours au Laos sans un billet special ... Celui-ci sera "gastronomique"! Ca aurait pu etre un tres beau menu pour les fetes en tout cas, moi j'ai ete a la fete pendant plus d'un mois et j'espere que ce "repas" vous comblera autant que moi! Alors asseyez vous et laissez vous transporter!
Tout d'abord, le chef vous accueille vetue de son sarong et de ses traditionelles chaussettes dans les tongs (obligatoire en "hiver"vu qu'il fait moins de 25 degres le matin ...) et en guise de mise en bouche, vous propose de pratiquer votre salut en lao ; donc repetez apres moi "Sa-bai-dee" ([sa-baille-diiii]). Repetez l'exercice jusqu'a ce qu'un sourire sincere eclabousse vote visage.
Pour l'aperitif, le chef vous a prepare un "Cocktail de verts" ; melange de whisky Lao (alcool de riz distille), de jus de citron vert et d'eau de riviere qui s'ecoule paisiblement au milieu de la jungle. Decorez de feuilles de bananier, d'une tranche de carambole et d'une fleur d'orchidee pour relever la couleur de l'ensemble. Pour grignoter, vous avez le choix entre des chips de pomme de terre douce ou des sauterelles grillees ... Ne me demandez pas quel gout ca a, je n'ai pas essaye! Aventuriere mais pas folle!
En entree, une salade de papaye (ramassee avec des foufourche bien sur!) coupee en julienne et agrementee d'eclat de cacahuetes et accompagnee d'haricots verts crus et d'un quart de chou blanc! Au choix epicee ou douce ... Attention quand je dis epicee, c'est pas pour rigoler! Par contre, je vous deconseille fortement la pate de poisson pourri dans laquelle les locaux trempent leurs legumes ... C'est aussi mauvais que ca sent mauvais ... Autrement pour combattre les rigueurs de l'hiver vous pouvez aussi prendre une "soupe de nouilles surprise" ; parce qu'en plus des noodles, vous trouverez dans le fond de votre bol toutes sortes de choses : morceaux de porc coupes tres fins, haricots verts, cerfeuil, feuilles d'arbustes et de plantes aromatiques, et rien que pour mon plaisir, "re" des cacahuetes!
Pour le plat principal, le chef vous a prepare du poisson farci a l'herbe de citron. Bien sur le poisson est tout frais peche du Mekhong, nettoye mais pas trop, et rempli d'un bouquet garni a forte saveur de citron. Glissez le poisson entre deux baguettes de bambou et faites cuire sur un petit barbecue, dans la rue! Pas le choix pour l'accompagnement : ce sera forcement du "sticky rice" (riz collant, et quand je dis collant c'est pas non plus pour rire! Y'a plutot interet de se laver les mains apres!) a manger avec les mains ... donc! Vous avez toujours le choix de corser un peu le plat principal en arrosant votre assiette de la "sauce Lao interdit", une exclusivite du chef, preparee a base de pistes de terre qui suivent la crete des montagnes et d'une pincee de dictature communiste, presque invisible pour le voyageur mais qui persecute quand meme depuis 3 generations la minorite Mongs!
Salade verte de toutes les couleurs, les formes et fromage!!! Enfin Vache-Qui-Rit ... mais sur de la baguette! Tout a fait acceptable pour une francaise qui voyage a l'etranger depuis plus de 3 mois!
Et pour finir en douceur, vous avez le choix entre une salade de fruits tropicaux evidemment, a deguster en ecoutant Bourvil : coupez de la mangue, de l'ananas, de la banane, de la goyave, des oranges, du mangoustan dans un bol. Deposez plusieurs papillons sur les fruits. Laissez reposer et attendez que les papillons ouvrent leurs ailes : degustez d'abord avec les yeux, laissez s'envoler les papillons et regalez vous les papilles! Vous pouvez aussi choisir des "iles flottantes sur le Mekhong" : soupoudrez tout simplement de bungalows en bambous, de pirogues et de petites plages ; faites monter la temperature a 30 degres et balancez vous dans un hammac!
Et enfin, ce repas ne serait pas complet sans un "Cafe lao" pour finir. Le chef est alle chercher pour vous le meilleur cafe bio sur le Plateau des Bolavens. Plus epais que son cousin italien, le "Cafe Lao" se sert dans un verre avec un bon quart de lait condense Nestle! Et d'un autre verre apres, de the vert cette fois-ci pour se "rincer la bouche"!

Le chef espere que vous avez pris autant de plaisir a deguster le Laos avec tous vos sens qu'elle en a eu a vous le "cuisiner" et vous recommande tres chaleureusement la visite de ce pays ; vous vivrez sans aucun doute une experience unique et tres riche.

jeudi 10 décembre 2009

Tu es né poussière et tu retourneras poussière


Etape 10 : 46 km au depart de Luang Prabang
Etape 11 : 50.5 km jusqu'a Tha Deua, sur le bord du Mekhong
Etape 12 : 113 km de GOUDRON entre Paksan et Nathane Phondee
Etape 13 : 88 km jsuqu'a Thakhek


Non, je ne me suis pas convertie a la religion catholique (ce serait un comble sur ces terres bouddhistes!) mais oui, j'ai "mange de la poussiere" et finalement ca me rappelle combien notre presence sur Terre est "precaire" et ca force l'humilite.

D'une capitale a l'autre, il n'y avait que 388 km de nationale a travers la montagne ... Trop frequentee, trop loin du Mekhong, peut etre pas interessant ... Du coup apres 6 jours (4 prevus a la base, puis 5, puis 6) passes a
Luang Prabang, l'ancienne capitale du Royaume des Elephants, classee au patrimoine mondiale de l'UNESCO, a visiter des temples, a deambuler dans ses ruelles bordees de maisons coloniales, a manger de la baguette et des pains au chocolat et a ne pas rater un coucher de soleil sur le Mekhong (les plus beaux de tout le pays!) en sirotant un milksake de fruits tropicaux ... Vous comprenez pourquoi nous avons ralonge notre sejour ... Bref, apres tout ca et donc un peu a contre-coeur, nous sommes remontes sur nos velos direction Vientiane, la capitale actuelle, mais en longeant le fleuve et en faisant un petit detour par une superbe cascade! Tout s'est bien passe la premiere journee meme si l'asphalte n'allait pas plus loin que les cascades : ben oui au-dela, aucun interet, il n'y a que des locaux qui empruntent la piste! (ironie mayennaise) Et deux cyclo-voyageurs temeraires ... ou plutot inconscients! Le bivouac sur une plage du Mekhong, les pieds dans le sable avec la pleine lune a ete magique mais il n'arrive pas a me faire oublier que le lendemain, pour la premiere fois, je me suis demande ce que je foutais la, sur une piste ou meme les motoculteurs avancent a 2 a l'heure, ou il n'y a pas de pont pour traverser les rivieres, ou le chemin a ete trace a flanc de colline ... Dire que le terrain est accidente est un euphemisme : impossible de prendre un peu de vitesse en descente, les freins bloques et super concentree pour ne pas tombee dans une rigole. Et en face, apres le passage a guet, un mur! En aussi mauvais etat que la descente bien sur, tellement pentu que le velo m'entrainait en arriere des que je voulais m'arreter ... Tout ca en moins de 100m! Un terrain de jeu ideal pour des vttistes mais avec 15km de bagages : NON, STOP!
Donc on est vite sortis de ce m....... pour retrouver une nationale NON GOUDRONNEE et meme si c'est difficile de comparer, c'est tout aussi penible car il y a beaucoup de circulation et les camions et les bus levent une poussiere infernale qui rentre partout et fait derailler la mecanique et la cycliste que je suis!
On n'a heureusement pas fait beaucoup de kilometres sur cette "route" pour arriver a un embarcadaire ou je pensais que nous allions pouvoir prendre un bateau pour la capitale ... Mais non, le petit bateau sur ma carte n'etait qu'un ferry pour traverser le fleuve et les prix pour rejoindre Vientiane par le Mekhong etaient exhorbitants : 6.000.000 de kip!!! Ca me fait toujours marrer leur monnaie de singe ou il faut emmener une brouette de billets pour aller acheter le moindre truc!
Donc on a calme le jeu et nous avons pris la sage decision de prendre un bus jusqu'a la capitale. Ce voyage a ete epique aussi car le bus etait plein, c'est a dire qu'on ne pouvait meme pas marcher dans l'allee qui etait pleine de sacs de riz! Nous avons d'ailleurs passe les 12h de trajet et donc la nuit assis chacun sur notre sac a chercher la position "la moins mauvaise".

Enfin, pas de panique, c'est vrai que j'ai frole l'ecoeurement mais deux jours tres efficaces dans Vientiane (la plus petite capitale que je connaisse jusqu'a maintenant) et une rencontre avec Elsa et Olivier (site super riche et interessant en lien a droite), qui pedalent depuis 10 mois, au depart du Luberon, m'ont fait le plus grand bien et je suis repartie vers le sud avec une soif de kilometres et une faim de bitume qui a ete assouvie des le premier jour!
Depuis tout va tres bien, j'ai appris par coeur la legende de ma nouvelle carte mais les 3 experiences sur piste au Laos ont vraiment ete epuisantes et il faut le dire : le Laos, c'est plus fort que moi! Mais le Laos qu'est ce que c'est beau!



(ben oui ... je peux pas m'en empecher, je pense a chez moi chaque fois que je vois le chiffre 53!)